Gerhard Richter: Painting

Gerhard Richter n’aime pas les appareils photo, ni les caméras. Que Corinna Belz ait pu pénétrer dans son atelier tient de l’exploit. Qu’elle ait pu terminer son film sur l’un des artistes contemporains les plus cotés de ce début de siècle tient carrément du miracle. En effet, le peintre estime que le processus de création relève du secret. Grâce à la patience et la ténacité de la cinéaste, «Gerhard Richter Painting» dévoile une partie de ce passionnant mystère.

Corinna Belz intègre l’atelier de l’artiste durant l’été 2009, alors qu’il est en train de réaliser une série de peintures abstraites de grand format. Gerhard Richter enduit ses toiles de couleurs, les racle et les gratte, les repeints, les observe, réfléchit, recouvre tout et recommence. Pour atteindre le résultat escompté, le processus est long, les commentaires sont rares. Mais la magie opère. Pour révéler l’univers fascinant du peintre né en RDA et dont la carrière atteint aujourd’hui son point culminant, avec des expositions rétrospectives à Berlin, Londres et Paris (jusqu’au 24 septembre au Centre Pompidou), la réalisatrice interroge les assistants du maître, des galeristes et curateurs. Elle suit Richter lors d’une conférence de presse et d’un vernissage, autant de moments douloureux pour ce créateur solitaire et caméraphobe.

Gerhard Richter n’est pas Jeff Koons ou Damian Hirst. Malgré la renommée internationale de son œuvre, l’artiste allemand est parvenu à échapper au star-system. Son travail n’est pas une gigantesque entreprise de communication, et c’est précisément ce qui confère son importance à ce portrait filmique. Contrairement aux magnats de l’art contemporain, Richter est tout sauf mégalo. Il n’est pas démonstratif, il est critique. Avec le même calme, la même distance et la même sérénité dont l’artiste a besoin pour créer, Corinna Belz s’approche de lui, révélant la splendeur envoûtante de son art.

de Corinna Belz
Allemagne, 2011, 1h37

à voir à La Chaux-de-Fonds, attention dernière séance!