Gambling, Gods and LSD

Grand prix Visions du Réel Nyon 2002 |
de Peter Mettler |


Peu connu du grand public, le réalisateur Peter Mettler est sans conteste l’un des cinéastes indépendants les plus passionnants du moment, inclassable, dans la lignée des regrettés Johan Van der Keuken et Robert Kramer. Né à Toronto en 1958, double national (helvétique et canadien), l’auteur de «Tectonic Plates» (1992) et «Picture Light» (1994) n’est pas un cinéaste du lieu, de l’enracinement, même si son film fleuve en dit aussi beaucoup sur la Suisse. Récusant les étiquettes qui rassurent (fiction, documentaire, essai, etc.), le lauréat des Visions du Réel 2002, dit tourner des «films blancs», en référence à la lumière blanche issue de la fusion de toutes les couleurs du spectre visible. Chef-opérateur des premiers film d’Atom Egoyan (que l’on retrouve au générique de «Gambling, Gods and LDS» comme producteur exécutif), Mettler nous convie à un voyage extraordinaire dont le cours d’une fluidité quasi musicale nous entraîne aux quatre coins du globe (dont le col du Nufenen), à la découverte d’individus peu ordinaires qui s’efforcent de dépasser leur condition de simple mortel en se prêtant à des expériences extrêmes ou extatiques – le jeu, le sexe, la drogue, la danse, le saut à l’élastique ou encore le rire dans ce club inouï des rieurs de Bombay. Au gré des musiques composées par Fred Frith (entre autres), le spectateur est confronté à un kaléidoscope fascinant de dépenses superbement improductives, au pouvoir étrangement régénérateur.
2002, Suisse, couleur, 3h, programme n°116