For ever Mozart

de Jean-Luc Godard |
avec Madeleine Assas, Bérangère Allant, Vicky Messica, Frédéric Pierrot, etc.


Dans plusieurs de ses films, Jean-Luc Godard s’est plus à jouer le rôle d’un vieil idiot — le cinéaste idiot de «Soigne ta droite» (1987), l’idiot de famille de «Passion Carmen» (1983) — ou d’un vieux fou dans «King Lear» (1987). Pour Godard, les vertus du fou, de l’idiot, sont manifestes: sagesse dans le retrait, courage dans l’affirmation de soi, et surtout une humilité apprise dans l’exercice du point de vue minoritaire. Dans le sublime «For Ever Mozart», le prophète de Rolle remet sans cesse sur le métier l’évidence: quiconque veut dire la folie du monde s’expose à passer pour fou, ou devient fou (ce qui est peut-être moins douloureux). Vouloir jouer à tout prix une pièce de Musset à Sarajevo, exiger sans relâche d’une actrice qu’elle joue «juste»… Aux yeux du monde malade, telle est la folie pure dont se rendrait «coupable» Godard!
France / Suisse / Allemagne, 1996, couleur, 1h20; programme n°56