Entre ses mains

A voir jeudi 21 juin 2012 à 23h sur France 3

Adapté du déjà très glacial roman de l’écrivaine Dominique Barbéris («Les Kangourous»), «Entre ses mains» crée un assez beau malaise… Agente d’assurances d’allure plutôt compétente, Claire Gautier (Isabelle Carré parfaitement lisse) travaille et vit à Lille. Mariée à un photographe, elle semble s’occuper à satisfaction de sa petite fille de cinq ans. Un beau jour, la voilà qu’elle reçoit dans son bureau la visite de Laurent Kessler (Benoît Poelvoorde à mille lieues de son encombrante «belgitude»). Vétérinaire de son métier, ce beau parleur est venu lui annoncer un dégât d’eau dans sa cave…

A son corps (très peu) défendant, Claire se laisse troubler plus que de raison par ce personnage un brin opaque. Dans le même temps, les médias font leur numéro d’hystérie habituelle en annonçant la présence en ville d’un tueur en série. Dans sa tête, notre héroïne se prend alors à penser que l’intrigant Laurent pourrait peut-être être le meurtrier en question… N’en disons pas plus, sinon que le huitième long-métrage d’Anne Fontaine dispense, outre quelques véritables frissons, des vérités toujours bonnes à dire. Plus de septante ans après Fritz Lang et son mémorable «M le maudit», l’auteur de «Comment j’ai tué mon père» (2001) et «Mon pire cauchemar» (2011) rappelle à bon escient en ces temps de manichéisme médiatique que le meurtrier en série est à la fois un monstre et une victime qui peut éveiller la compassion, ce qu’elle réussit très bien à nous faire ressentir dans la belle séquence de vertige sur la grande roue.

De même, elle ne fait pas mystère de la pulsion de mort qui anime son héroïne, laquelle vit son morne quotidien comme un zombie, ce qui confère à la rencontre entre Claire et Laurent une dimension salvatrice très ambiguë dont on n’avait plus trace au cinéma depuis belle lurette. Enfin, la réalisatrice restitue sans fard le spleen grisâtre si typique des zones dites «urbanisées»… Trois bonnes raisons de se (re)mettre «Entre ses mains»!

de Anne Fontaine
France, 2005, 1h30