Elle s’appelait Sarah

de Gilles Paquet-Brenner |
avec Kristin Scott Thomas, Mélusine Mayance, Niels Arestrup, etc.



Porté par la sobriété et l’élégance de Kristin Scott Thomas, ainsi que par la gravité de la jeune Mélusine Mayance (déjà révélée dans «Ricky» de François Ozon), «Elle s’appelait Sarah» est un travail de mémoire et de résilience essentiel sur la rafle du Vélodrome d’Hiver en juillet 1942, lorsque la police française y parqua treize mille Juifs à destination du camp de transit de Beaune-la-Rolande dans le Loiret. Réalisé par Gilles Paquet-Brenner, lui-même hanté par un grand-père juif mort en déportation, ce film raconte la vie de Julia, une journaliste américaine établie à Paris, qui enquête sur la rafle du Vel’ d’Hiv pour le compte d’un magazine. Ses recherches l’amènent à découvrir un mystère familial intimement lié au destin d’une petite fille réchappée des camps, qui s’appelait Sarah… Adapté du roman à succès éponyme de Tatiana Rosnay, «Elle s’appelait Sarah» déroule le temps avec un suspense intense grâce à des flash-back qui offrent à chaque fois une résonance sur le présent: d’un côté, la reconstitution historique du Vel’ d’Hiv est opérée en plans serrés sur les déportés et transmet avec pudeur leur profonde souffrance, de l’autre le monde actuel et les investigations de Julia poussent le spectateur à faire œuvre de conscience vis-à-vis de l’Histoire. A l’encontre du récent «La Rafle» (2009) de Rose Bosch, qui versait systématiquement dans le sentimentalisme, «Elle s’appelait Sarah» constitue un devoir de mémoire d’une grande dignité.
France, 2010, couleur, 1h51, programme n°166