Eleni, la terre qui pleure

En première vision |
de Theo Angelopoulos |
avec Alexandra Aidini, Nikos Poursadinis, Giorgos Armenis, Vasilis Kolovos, etc.


S’il y a un grand cinéaste qui ne se fera jamais «parkeriser», c’est bien le Grec Théo Angelopoulos! Depuis près de quarante ans, l’auteur du «Voyage des comédiens» (1974) s’obstine à tourner des films de fiction qui résistent à tous les diktats de l’industrie audiovisuelle (l’adjectif cinématographique est porté disparu). Au jour d’aujourd’hui, nombreux sont les auteurs européens qui, la mort dans l’âme, ont intégré dans leur pratique artistique les règles de l’audimat. Ils s’obligent à commencer leurs films par une séquence forte, une décharge d’adrénaline, pour prendre en otage le spectateur zappeur élevé dans le giron télévisuel. L’on ne subira jamais ce genre de manœuvre déshonorante chez Angelopoulos qui n’a de cesse de nous prévenir: attention, si vous êtes pressé, mon film n’est pas pour vous! Premier volet d’une trilogie dédiée à l’histoire du XXe, «Eleni, la terre qui pleure» procède par de longs plans-séquences qui ont pour fonction de nous réconcilier avec la durée, condition sine qua non pour rester «aux côtés du film» (pour reprendre la très belle expression de Nicolas Philibert).
Grèce / Italie / France, 2004, couleur, 2h50, programme n°123