de Peter Greenaway |
avec Joan Plowright, Juliet Stevenson, Joely Richardson, etc.
Son titre est le premier indice de lecture du film, et son sous-titre, Le grand jeu de la mort, dévoile l’enquête tout entière, sur, sous et à côté du récit: la structure identiquement parallèle de trois meurtres masqués en accidents, trois noyades de trois hommes effectuées par leurs femmes qui portent toutes le nom de Cissie Colpitt.
«Drowning by Numbers» signifie, à peu près, Noyade en nombre ou par les nombres, comme un mode d’emploi arithmétique, aquatique et enfantin pour comprendre le jeu qui est proposé sur l’écran. Le film tient autant du compte que du conte, histoire de nombres autant que de symboles, où le récit s’entremêle avec le jeu, l’inexorable comptabilisation de chiffres de un à cent. Sautillant sur le film comme sur une marelle, un personnage d’enfant-entomologiste joue à inventer d’autres jeux aux règles toujours plus complexes, comme pour nous rappeler de chercher sans cesse, quelque part au fond du cadre, les bornes numéraires qui scandent le film.
Mais une fois passé l’attrait purement formel de cette très belle comptabilité criminelle, reste de «Drowning by Numbers» le conte tout court, conte cruel autour de l’impuissance, parabole de la décrépitude de l’homme; la mort reste ici la dernière possibilité de jouissance, la seule fin possible au jeu de la vie.
Pays-Bas / Grande-Bretagne, 1988, 1h58, couleur; programme n°7