de Pier Paolo Pasolini |
avec Totò, Ninetto Davoli, Femi Benussi, Umberto Bevilacqua, etc.
«Des Oiseaux petits et gros» utilise la métaphore du corbeau — considéré dans les rêves, en Europe, comme une figure de mauvaise augure, liée à la crainte du malheur — pour porter une sérieuse (auto)critique sur l’idéologie politique de gauche en Europe, alors en crise. Film charnière dans l’œuvre du réalisateur italien, ce long métrage, d’une drôlerie irrésistible, jette un regard cru et terriblement tragique sur les préoccupations de l’homme — qui oscillent entre des idées charitables et des projets de société destructeurs — quant à l’avenir du monde. Au milieu du film, le corbeau raconte une histoire à ses deux compagnons de voyage (Totò et Ninetto Davoli): deux Franciscains sont chargés de porter la parole d’amour et de paix aux oiseaux. Après l’apprentissage de leur langue, les prêcheurs convertissent les faucons et peu après les moineaux… mais une fois christianisés, les faucons se jettent sur leurs frères moineaux et les dévorent. Qu’il soit chrétien ou marxiste, bourgeois ou prolétaire, dialectal ou châtié, aucun langage ne semble plus pouvoir réunir les hommes: les disparités et les contradictions font désormais partie intégrante de notre monde.
UCCELLACCI E UCCELLINI, Italie, 1966, noir et blanc, 1h29, programme n°81