A voir jeudi 23 juin à 20h40 sur Arte
«Delirious», c’est un peu l’histoire du tapis rouge du Festival de Cannes. La télévision diffuse un défilé de starlettes parfaites, une ambiance glamour, des paparazzis à l’affût de tout ce qui foule la moquette mythique. Idem dans Gala, Paris Match et les pubs L’Oréal. A y regarder de plus près, l’étoffe qui suscite tant de convoitise est un rouleau de feutrine synthétique rouge collée tant bien que mal sur des marches en béton au bord du délabrement… Or c’est bien le revers de médaille de ce spectacle souvent pathétique, toujours hystérique et parfois humain d’aspiration au monde des paillettes qui rend le film de Tom DiCillo à la fois tendre et jouissif. Le réalisateur avait déjà trahi sa fascination pour cet univers et les aspirations qu’il suscite avec ses premiers films «Johnny Suède» – qui participe d’ailleurs à dynamiser la carrière de Brad Pitt! – et «Ça tourne à Manhattan». Les Galantine (Steve Buscemi) est un paparazzo new-yorkais de seconde zone qui rêve de faire LA photo qui propulsera une star dans la marmite du show-biz. Le jour du miracle est loin d’être arrivé, et en attendant Galantine s’acharne sur Toby, un jeune SDF (Michael Pitt) ramassé au coin d’une rue élu au rang d’assistant. Lors d’un gala people, une jeune vedette «shakirienne» – elle se prénomme K’harma, c’est dire! – que Galantine tente d’immortaliser tombe raide dingue de Toby. Les deux tourtereaux feront les unes des tabloïdes, renvoyant l’insupportable paparazzo dans sa misère solitaire. A dessein, le film brasse tous les clichés d’un milieu qui fait tant rêver et tant pleurer mais qui, en l’occurrence, distille un humour léger et fort appréciable. Pour tout ceux qui en ont rêvé mais qui en sont revenus… un délire délectable!
de Tom DiCillo
Etats-Unis, 2006, 1h47