de Robert Wilson |
avec Sheryl Sutton, Jerry Jackson, Rafaël Carmona
A entendre son auteur, «Deafman Glance» (Le Regard du sourd) constitue la version courte de l’oeuvre qu’il monta à Nancy en 1971… cinq heures de théâtre total matérialisant les émotions et fantasmes d’un jeune noir américain atteint de surdité. Au premier abord, cette adaptation vidéographique tient du gag: comment, en effet, faire passer ce monument du théâtre contemporain en moins de trente petites minutes? C’est donc que Robert Wilson ne mésestime pas les pouvoirs de l’art vidéographique!
Condensant l’intrigue sur un seul fantasme (le matricide), il parvient à actualiser toutes les virtualités de son spectacle-fleuve; débarrassant ses personnages du grain de réalité que leur conférait l’apparition théâtrale, Wilson peut exprimer les concepts qui les portent. L’espace vidéo fait donc beaucoup mieux que de suppléer à la scène… Tout nous y est donné en même temps: le geste et le sens qui l’anime; dimensions symbolique et inconsciente s’interpénètrent sans cesse et forment une unité de temps, d’action et de concept, dont le théâtre, trop humain, ne peut être pourvu.
LE REGARD DU SOURD, Etats-Unis, 1981, couleur, 27min; programme n°12
Vidéo: