Cannes 1995, en compétition
de Jim Jarmusch
avec Johnny Depp, Gary Farmer, Iggy Pop, John Hurt, Robert Mitchum, etc.
«Dead Man» reste à ce jour le film le plus audacieux de Jim Jarmusch. A la fois relecture du mythe de la «descente aux Enfers», re-visitation crépusculaire du western et réflexion sidérante sur la violence fondatrice de l’Etat de droit, le sixième long-métrage de l’auteur de «Stranger Than Paradise» réussit cette osmose inattendue en empruntant à l’«inquiétante étrangeté» du cinéma fantastique des origines — Murnau et Dreyer surtout. Interprété par Johnny Depp, son personnage principal est un jeune comptable nommé William Blake qui, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, quitte l’urbanité rassurante de l’Est, pour aller travailler dans une bourgade fantomatique de l’Ouest, le vrai.
Impliqué dans une affaire de mœurs qui le dépasse, Blake tue un homme et est blessé à mort. Il devient alors une sorte de zombie, élevé au rang de mythe vivant à cause de ses exploits meurtriers, une présence absente formidable qui va traverser le film de part en part, croisant dans son voyage vers la mort un paysage d’apocalypse (déjà) hanté par le souvenir du génocide à l’origine de la fondation des Etats-Unis. Dans son effacement progressif, un indien poète et philosophe nommé Nobody lui sert de guide…
Etats-Unis, 1995, couleur, 2h01, programme n°130