de Jim Jarmusch |
avec Johnny Depp, Gary Farmer, Lance Heriksen, Robert Mitchum, John Hurt, Iggy Pop, Gabriel Byrne, etc.
Dead Man, le dernier film en date de Jim Jarmusch, est la fois une lecture moderne du thème de la «descente aux enfers», une visite crépusculaire du mythe du western, et un retour fulgurant aux sources poétiques du cinéma fantastique, du côté de Murnau, Carné et Clair. Son personnage, incarné par Johnny Depp, est un jeune comptable qui, dans l’Amérique de la fin du siècle dernier, quitte le «paradis» urbain de l’Est et descend dans l’Ouest infernal, à la recherche d’un travail. Impliqué malgré lui dans une affaire de mœurs qui le dépasse, il tue un homme et est blessé à son tour. Il devient alors une sorte de mythe vivant, un zombie improbable qui va traverser le film de part en part, croisant sur son voyage vers la mort un paysage d’Apocalypse, des animaux, des arbres, des cadavres, des tueurs, et un indien poète et philosophe nommé Nobody (personne). Selon ce dernier, le jeune mourant est à la fois le fantôme du (vrai) peintre et poète William Blake, emprisonné pour s’être insurgé contre les dogmes de son temps, et l’Esprit vengeur des Indiens, une sorte de Diable blanc venu punir les colons qui ont impunément massacré quelques millions d’Indiens. L’«homme mort» du titre devient ainsi un ange exterminateur, une image manifeste de la mort, qui porte celle-ci en lui et la donne à ses semblables.
Etats-Unis, 1995, noir et blanc, 2h14; programme n°54