Dead Man

A voir lundi 28 mars à 22h25 sur TCM

Tourné en 1995, «Dead Man» reste sans doute le film le plus accompli de Jarmusch et, partant, la performance d’acteur la plus extraordinaire de Johnny Depp. A la fois relecture crépusculaire du western et réflexion sidérante sur la violence fondatrice de l’Etat de droit, «Dead Man» réussit cette osmose inattendue en empruntant à l’«inquiétante étrangeté» du cinéma fantastique des origines, celui des Murnau, Dreyer et autre Stiller. Son personnage principal est un jeune comptable nommé William «Bill» Blake (Johnny Depp) qui, dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, quitte l’urbanité rassurante de l’Est, pour aller travailler dans une bourgade fantomatique de l’Ouest, le vrai. Impliqué dans une affaire de mœurs qui le dépasse, Blake est blessé à mort. Il devient alors une sorte de zombie, élevé au rang de mythe vivant à cause de ses exploits meurtriers, croisant dans son voyage vers la mort un paysage d’apocalypse hanté par le souvenir du génocide à l’origine de la fondation des Etats-Unis. Dans son effacement progressif, un Indien poète et philosophe nommé Nobody lui sert de guide. Pour Nobody, le mourant est à la fois le fantôme du (vrai) peintre et poète William Blake, emprisonné pour s’être insurgé contre les dogmes de son temps, et l’esprit vengeur des Indiens. Un chef-d’œuvre à revoir dans une version remastérisée qui restitue sa photogénie fascinante.

de Jim Jarmusch
Etats-Unis, 1995