Dark Shadows

Enfant, Tim Burton raffolait de «Dark Shadows», une série télévisée très populaire dans les années soixante, mixture inénarrable de sitcom familiale et de fantastique bricolé qui, entre 1966 et 1971, égrena quelque 1225 épisodes d’une durée de vingt-trois minutes. Quelques dizaines d’années après, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que Johnny Depp, son acteur fétiche, vouait un culte identique à ce «soap opera», au point d’en acheter les droits pour lui confier sa transposition cinématographique!

Sans nul doute enthousiaste, Burton a centré son adaptation sur le personnage du vampire Barnabas qui, dans la série, ne fait son apparition qu’au 211e épisode… Dans un premier temps, l’auteur revient sur la genèse convulsive de son protagoniste. En 1760, la famille Collins quitte Liverpool avec enfants et bagages pour s’installer aux Etats-Unis et fonder Collinwood, un port de pêche qui connaît rapidement la prospérité. Devenu un jeune homme, Barnabas Collins prend les traits de Johnny Depp et s’amourache de la servante Angélique Bouchard (Eva Green) qu’il ne tarde pas à abandonner, lui préférant la peau diaphane de Josette (Belle Heathcote). Humiliée, la domestique experte en sorcellerie ourdit une terrible vengeance qui transforme l’indélicat en vampire. Deux cents ans plus tard, des ouvriers poissards renverse par mégarde le cercueil dans lequel le pauvre Barnabas dormait d’un sommeil profond. Réveillé, le vampire renoue avec sa famille, dont les descendants semblent encore plus névrosés que par le passé! Il constate alors que la perfide Angélique est toujours de la partie, tenant la ville sous sa coupe…

Par respect du spectateur, n’en racontons pas plus, sinon que le quinzième long-métrage de Burton se révèle bien plus réussi que «Alice au Pays des merveilles» (2010), même s’il manque à nouveau un peu de liant au niveau du scénario. Aussi louable soit-elle, sa tentative de restituer le foisonnement de péripéties et de personnages du feuilleton d’origine donne en effet matière à une narration un brin fouillis où le spectateur finit par lâcher prise. Reste que la furia baroque et foutraque du sieur Burton, portée par une invention formelle de tous les instants, fait toujours aussi plaisir à voir!

de Tim Burton
Etats-Unis, 2012, 1h52

à voir à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel