Cloclo

A voir dimanche 20 août 2017 à 21h sur TF1 |

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Le réalisateur de «L’ennemi intime» (2007), l’un des meilleurs films jamais tournés sur la guerre d’Algérie, commence par le début: l’enfance déracinée et malheureuse, du petit Claude en Egypte, dominée par un père autoritaire, contrôleur du trafic sur le canal de Suez, finalement renvoyé en France par Nasser avec famille et bagages, après la nationalisation du canal.

A un train d’enfer, qui traduit bien la vitalité névrotique de son protagoniste, Siri poursuit le récit de l’ascension du chanteur, en s’appuyant sur le scénario très bien ficelé de Julien Rappeneau. Le meilleur du film réside dans cette restitution tambour battant de ce plan de carrière infernal, décalqué sur le modèle du showbiz des «Américains», sans jamais leur arriver à la cheville. Malgré leur plastique impeccable, les «Claudettes» auront toujours l’air de sortir de leur province! Chantant «My Way» (la version américanisée de «Comme d’habitude»), Frank Sinatra ringardise Cloclo en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

C’est le point faible de l’entreprise. Sans doute surveillé par les fistons du chanteur, coproducteurs du film, Siri s’est montré au final trop respectueux, même s’il ne fait pas mystère des tics et tocs de son protagoniste (sa maniaquerie était proverbiale) et se moque gentiment de son appétence séductrice dont France Gall fut l’une des victimes. S’en remettant au seul talent mimétique de Jérémie Renier pour faire surgir un sous-texte un brin plus ironique, il ne s’attarde pas trop sur les failles, les zones d’ombres, voire l’extrême méchanceté dont Claude François pouvait parfois se montrer capable envers ses proches et collaborateurs.

Cinéaste très doué, le Français Florent Emilio Siri est peut-être comme vous et moi. De sa vie, il n’a jamais acheté un disque de Claude François (1939-1978), mais est capable de fredonner plusieurs de ses chansons! A l’entendre, c’est ce qui l’aurait incité a accepté la proposition de tourner un biopic de ce chanteur de variétés énervant certes, mais combien fascinant dans sa volonté de faire carrière, avec l’obsession d’en contrôler le moindre aspect, jusqu’à malencontreusement revisser une lampe mal installée de travers…

de Florent Emilio Siri
France, 2012, 2h28