Damien (Jean-Pierre Bacri) est sinologue. Il enseigne la culture chinoise à des chefs d’entreprise. D’une gentillesse implacable, il accepte que sa femme, metteuse en scène de théâtre bien en vue, vive une aventure. Toujours sur son insistance, il est chargé d’intervenir en haut lieu pour éviter à une inconnue d’être expulsée de France. Cependant, pour demander cette faveur à un grand ponte de la République nommé Hortense, Damien doit en passer par son propre père. Hélas, entre le fonctionnaire et l’homme de bien, la communication est complexe. Au cours d’une scène absolument magistrale, Damien découvre sur le tard la sexualité de son paternel, lequel s’endort volontiers en se faisant sucer les orteils par des hommes…
Inspiré de faits-divers étonnants, qui voient des gens bien établis privés de droit de séjour après leur divorce, «Cherchez Hortense» se déploie autour d’un Bacri excellent, jouant à merveille de son air de chien battu et de sa verve comique. Ce faisant, à la faveur d’un récit volontairement hasardeux, mais d’autant plus réaliste, Pascal Bonitzer institue deux univers, qui décrivent l’indifférence et le délitement de la société bourgeoise. D’une part, les arcanes du pouvoir sont représentés tel un immense vase clos, de l’autre le réalisateur du «Grand alibi» (2007) nous renvoie subtilement à la gravité des contrôles d’identité et des sans papiers. En résulte un conte philosophique absolument génial, qui révèle à la fois Œdipe et la conscience politique!
de Pascal Bonitzer
France, 2012, 1h40
à voir à Neuchâtel, attention dernière séance!