A voir jeudi 21 juin 2012 à 23h45 sur RTS Un
Premier long-métrage de fiction réalisé par Alain Tanner, produit sous la houlette du Groupe 5 fondé en 1968 par Goretta, Soutter, Tanner et consorts, «Charles mort ou vif» constitue une sorte de poésie de la contestation, à la fois corrosive, provocante, mélancolique et désespérée. Suivant le point de vue de Tanner, Mai 68 apparaît comme une dépression soudaine. Elle est incarnée dans le film par François Simon, digne fils de son père Michel…
A cinquante ans, Charles est le patron d’une petite fabrique de pièces détachées destinées à l’industrie horlogère. Lors d’une interview à la télévision, il pète un plomb et rompt avec sa famille, à l’exception de sa petite fille. Il rencontre alors un couple plus jeune, Paul et Adeline, et s’échappe chez eux à la campagne. Mais Pierre, son propre fils, le retrouve pour le faire interner et prendre la direction de la boîte.
Tourné dans la grisaille helvétique, dans une Suisse endormie qui ne laisse personne sortir des rangs, «Charles mort ou vif» est un film insolite, désespérant, mais ô combien lucide! A travers le personnage de Charles, Alain Tanner décrit le refus d’une société qui souffre de satiété. C’est en effet son conventionnel «bien-être» qui pousse Charles à la révolte. Cependant, la norme finissant par avoir le dessus, les sentiments d’injustice et d’intolérance ressortent du film avec une rare intensité!
de Alain Tanner
Suisse, 1969, 1h33