Changement d’adresse

A voir dimanche 23 décembre 2012 à 01h sur France 4 |

Nouvelle coqueluche de la critique française, Emmanuel Mouret a quitté sa ville natale de Marseille pour monter à Paris étudier le cinéma à la prestigieuse FEMIS. Dès 1994, il réalise plusieurs courts-métrages, avant de passer en 2000 au grand format avec «Laissons Lucie Faire», une comédie sympathique quoique un brin brouillonne, qui narre les tribulations d’un couple insolite, formé d’une vendeuse de maillots de bain et d’un aspirant gendarme. Quatre ans plus tard, Mouret remporte un succès certain avec «Vénus et Fleur» qui voit une jeune Parisienne timide descendre à Marseille et faire équipe avec une belle Russe extravertie pour dénicher le garçon idéal. Les médias sont très élogieux et comparent notre cinéaste, qui joue dans tous ses films, à Rohmer, Guitry et Allen, pas moins! Présenté au dernier Festival de Cannes, dans le cadre de La Quinzaine des Réalisateurs, «Changement d’adresse» déclenche derechef l’enthousiasme de nos confrères tricolores!

Grâce à cet accueil dithyrambique, le troisième long-métrage de ce réalisateur encore méconnu en Suisse a pu se frayer un chemin jusque sur nos écrans… Dans «Changement d’adresse», Mouret joue le rôle de David, un jeune corniste installé de fraîche date à Paris. A la recherche d’un appartement, il tente l’aventure de la colocation et se retrouve avec la blonde Anne (Frédérique Bel rendue fameuse par ses excellents numéros de godiche potiche sur Canal +) qu’il essaye de séduire, mais elle en aime un autre. A peine marri, notre protagoniste tente alors sa chance avec Julia la brune (Fanny Valente), l’une de ses (jolies) élèves. Las, l’apparition tonitruante du beau Julien (Dany Brillant) met provisoirement un terme à la conquête amoureuse de David qui préfère s’effacer… N’en disons pas plus, pour ne pas épuiser la trame déjà ténue de ce film qui fait la chronique d’un désastre amoureux complètement annoncé!

D’une brièveté parfaitement adapté à son propos, «Changement d’adresse» séduit de prime abord par son côté décalé. Toujours à côté de la plaque, David est une piteuse réplique du séducteur tant magnifié par le cinéma. Non sans courage, Mouret nous impose sans relâche sa fadeur et, surtout, sa prodigieuse capacité à l’erreur balbutiante. En résulte une comédie qui a le rire triste et dont le quadrille ne s’emballe jamais. Cohérent, le réalisateur met le tout en scène comme il se doit: le style est insipide, sans âme, à l’instar de la musique «easy listening» qui nappe les «grandes» scènes de séduction. Certains pesteront contre ce reflet misérable de nos petits commerces amoureux, d’autres apprécieront jusqu’à un certain point la tautologie qui constitue le fondement de cette entreprise audacieuse: faire acte de médiocrité pour exprimer la médiocrité!

de Emmanuel Mouret
France, 2006, 1h25