C’était un géant aux yeux bruns

En présence de la réalisatrice | Rotterdam 2012, sélection Bright Future | Visions du Réel 2012, en compétition | Lisbonne 2012, en compétition
de Eileen Hofer |
avec Sabina Aghamaliyeva, Narmina Aghamaliyeva, etc.


Entre documentaire et fiction, la frontière est souvent ténue. C’est notamment de cette ambiguïté qu’est tirée la richesse de «C’était un géant aux yeux bruns» de la cinéaste suisse d’origine libano-turque Eileen Hofer. Tourné en Azerbaïdjan avec une toute petite équipe, en prises de vues uniques et avec un budget dérisoire en regard de son impressionnante virtuosité technique et esthétique, ce film constitue le portrait croisé de deux sœurs azéries… Suite au divorce de ses parents, au sortir de l’enfance, Sabina a dû quitter son pays natal pour s’installer en Suisse avec sa mère. Cinq ans plus tard, elle revient à Bakou à l’occasion des vacances d’été et renoue avec sa sœur aînée et son père, dont elle n’aurait jamais voulu être séparée! Pour Sabina, jeune fille écartelée entre le naturel azéri et la discrétion helvétique, ce voyage suscite des émotions et des sentiments très mélangés. Son père va en effet se remarier, mettant fin à son illusion de ressouder la famille. Dans le même temps, elle se découvre des attaches insoupçonnées pour la terre qui l’a vue naître. Filmé avec une pudeur et une sensibilité inouïes, «C’était un géant aux yeux bruns» s’attache aux chamboulements de l’adolescence, en mettant l’accent sur le poids des cultures mixtes, en constante confrontation. Partant, le réalisme du film fait également ressortir les contrastes de l’Azerbaïdjan, ancienne république soviétique à l’architecture et aux contrastes étonnants, prise entre l’hégémonie russe et son alliance avec les Etats-Unis, et marquée par les conflits larvés et les guerres déclarées. En résulte un superbe documentaire en forme de portrait-fiction…
HE WAS A GIANT WITH BROWN EYES, Suisse / Azerbaïdjan, 2012, couleur, 1h20, programme n°176