C’était hier

En présence de la réalisatrice | Locarno 2010, hors compétition
de Jacqueline Veuve |



A plus de quatre-vingts ans, la cinéaste Jacqueline Veuve cultive le «cinéma du réel» avec une passion toujours renouvelée. En plus de soixante films, la réalisatrice de «La Mort du grand-père» (1978) est devenue une véritable légende, mais combien vivante, du cinéma documentaire helvétique! Après «Un Petit Coin de paradis» (2008), où elle décrivait la régénération très particulière d’un hameau de montagne, la cinéaste remonte le temps jusqu’à l’été 1937: dans le village de Lucens, de nombreux spectateurs attendent au bord de la route le passage des coureurs cyclistes du Tour de Suisse. Parmi eux se trouvent les ouvriers d’une usine familiale spécialisée dans la taille de la pierre fine. Exceptionnellement, ils ont congé ce jour-là, un jour d’été lumineux… Jacqueline Veuve a retrouvé certains témoins de ce moment «privilégié». Ils se prénomment Blanche, Charlie-Rose, Violette, Pierre ou René. Pour la plupart, ils n’étaient encore que des enfants à l’époque. Entre pauvreté prolétaire, fierté du travail accompli et petits bonheurs fugaces, ils se souviennent avec émotion d’un rude passé: «c’était pas la prison, mais des fois presque!». Par touches successives, avec la sensibilité qui la caractérise, la cinéaste alterne images d’archives et retours au présent. Tout en évoquant un passé désormais révolu, elle témoigne de la métamorphose radicale qui a affecté ce village de campagne où des quartiers de villas quelconques se sont substitués aux champs de blé ondoyant sous juillet.
Suisse, 2010, couleur et noir et blanc, 1h30, programme n°166