Celui au pasteur

de Lionel Baier |



Présenté dimanche 10 décembre à 10h (une heure symbolique vu le sujet) en séance unique (à cause du format vidéo), mais en présence de son réalisateur, «Celui au Pasteur» est sans doute l’un des meilleurs documentaires issu du «jeune» cinéma romand actuel — avec le passionnant «La bonne conduite» de Jean-Stéphane Bron. Recréant une Trinité inédite (où le cinéma serait le Saint Esprit), Lionel Baier consacre à son père pasteur un film parfois maladroit mais combien passionnant. «Le pasteur est un chef. On a besoin de chefs dans cette civilisation. C’est fasciste, mais je m’en fous»… Cette phrase «épouvantable» prononcée au début du film par le pasteur Baier situe bien le personnage: intraitable, omniscient et invivable. Film impitoyable, «Celui au pasteur» (qui est aussi très justement intitulé «Ma vision personnelle des choses») fonctionne comme une souricière. Se laissant filmer, le père permet à la caméra du fils de percer peu à peu le «mystère» de sa posture «inébranlable»… De fait, tout le dépasse: la vie, le monde, le temps et même l’Eglise vaudoise protestante dont il est pourtant le fidèle serviteur… De s’être laissé ainsi prendre au piège (consciemment ou non) lui confère in extremis une humanité émouvante.
Suisse, 2000, couleur, 1h04, programme n°90