Bruno Manser – Laki Penan

de Christoph Kühn



Dans son film précédent, «Nicolas Bouvier, 22 Hospital Street», le documentariste Christoph Kühn raconte comment l’auteur du «Poisson-scorpion» a failli disparaître. Avec «Bruno Manser – Lakin Penan», la disparition devient effective… Animé par le désir de vivre sans argent, le Bâlois Bruno Manser a quitté la Suisse dès 1984 pour aller vivre parmi les Penans, peuple de la jungle de Sarawak, sur l’île de Bornéo. Pendant six ans, Manser a partagé leur existence. En 1990, il est revenu à la «civilisation» pour avertir les médias des méfaits de la déforestation menaçant l’existence même des Penans. De retour au Sarawak en mai 2000, l’activiste a alors disparu sans laisser de traces. D’aucuns pensent qu’il a été assassiné sur ordre de l’une des grosses sociétés forestières exportant du bois tropical, que ses actions publiques gênaient… Quinze ans plus tard, Kühn lui consacre un portrait passionnant qui le révèle sous un jour différent. Enfant, Bruno Manser voulait déjà vivre chez les Penans, s’entraînant en guise de préparation à dormir sur le balcon de la maison familiale. Adulte, il a concrétisé le rêve qui avait bercé son imaginaire de gosse. Las, la réalité, à laquelle il a dû se confronter au Sarawak, s’est montrée peu clémente à son égard. Son idéalisme a fondu comme neige au soleil, au point de se laisser envahir par l’amertume. Concernant sa disparition, le film n’accrédite aucune thèse, sinon qu’un rêve déçu peut tuer tout aussi bien que l’arme d’un sicaire. Avec une belle sensibilité, Kühn parvient à défaire la légende, sans pour autant anéantir l’homme. Une grande réussite!
Suisse, 2007, couleur, 1h34, programme n°146