Brooklyn Village

Deauville 2016, Grand prix |
de Ira Sachs
avec Théo Taplitz, Michael Barbieri, Greg Kinnear, etc.

En quelques films restés hélas confidentiels (dont «Keep the Lights On» et surtout le magnifique «Love Is Strange»), le réalisateur new-yorkais Ira Sachs est devenu l’un des cinéastes les plus attachants du moment, excellant à faire advenir, mine de rien, la plus vive des émotions. Avec son septième long-métrage, intitulé «Little Men» et rebaptisé «Brooklyn Village» à l’occasion de sa sortie en francophonie, Sachs est au sommet de son art, toujours à même de capter ce qu’il y a de plus intime dans nos vies. Dès le début de son film, le cinéaste nous dispense son savoir-faire tout en retenue par le biais d’un prologue où l’on voit un jeune adolescent apprendre de façon subreptice la mort de son grand-père. Cet ado se prénomme Jack. Plutôt introverti, il rêve de devenir peintre et a pour parents Brian, un acteur de théâtre à la peine, et Kathy, une psychologue qui fait bouillir la marmite.

Après le décès de l’aïeul, la petite famille emménage dans l’appartement qu’il leur a légué à Brooklyn, tout en devenant propriétaire de l’échoppe du rez-de-chaussée occupée par Leonor, une couturière immigrée chilienne. Par amitié, le vieil homme lui offrait la jouissance des lieux pour un prix très modique. Alors que le jeune Jack se lie d’une profonde amitié avec Tony, le fils solaire de Leonor, qui a son âge et souhaite devenir acteur, son père se résout à augmenter le loyer à un montant tel que la couturière ne pourra s’en acquitter. Entrant en rébellion, les deux ados entreprennent une grève de la parole… Rarement dévoration de l’idéal du vivre-ensemble n’a été montrée de façon aussi subtile au cinéma!
LITTLE MEN, Etats-Unis, 2016, couleur, 1h25, programme n°210