A voir à Neuchâtel |
Après avoir réalisé son premier long-métrage en 2007, une comédie horrifique intitulée «Murder Party», Jeremy Saulnier signe un excellent polar à l’humour noir et reçoit le Prix de la critique internationale à à la Quinzaine des réalisateurs, après avoir fait sensation dans nombre de festivals outre-Atlantique. Bien inspiré de la tradition du bon cinéma indépendant américain, celle des héros solitaires errant parmi les grands espaces, il réussit un film inclassable, parfois à la limite du gore, et en usant à merveille des codes du thriller.
Dwight Evans (impressionnant Macon Blair) est un vagabond solitaire et mystérieux. Le jour où il apprend la libération du meurtrier à l’origine de ses souffrances, il décide de retourner parmi les siens, au volant de sa Pontiac bleutée un peu ruinée, afin d’assouvir sa soif de vengeance. Avec une détermination quasi maladive, il se lance dans une spirale de violence infernale…
«Blue Ruin» est un film imprévisible. A la faveur d’une atmosphère brumeuse et de couleurs diffuses, Saulnier embarque le spectateur dans une sorte de roadmovie protéiforme, marqué par des ellipses d’une puissance rare et un réalisme exacerbé, où la tension n’exclut pas le burlesque. Révélant progressivement les liens qui unissent les différents personnages, le cinéaste décrit une haine si profonde que l’on peine à différencier les bourreaux des victimes. En résulte une déconstruction de la figure classique du héros vengeur, qui renvoie l’image d’une Amérique détraquée et sans espoir. Une révélation!
de Jeremy Saulnier
Etats-Unis, 2014, 1h32