Florent de La Tullaye, photoreporter, et Renaud Barret, directeur d’une petite agence de publicité, ont tourné grâce au hasard d’une rencontre leur premier long-métrage de cinéma. Ayant appris le Lingala, la langue nationale de la République Démocratique du Congo, ils ont arpenté les rues de Kinshasa, munis de caméras légères leur permettant de travailler au plus près du réel. Ils ont capté des images abîmées par des conditions de tournage précaires, la nuit, la poussière ou les autorités hostiles. C’est dans ces conditions précaires qu’ils ont rencontré le Staff Benda Bilili, qui constitue sans que personne ne le sache le meilleur orchestre du Congo. Autour de la figure centrale du vieux Ricky, se réunissent des enfants, des jeunes et des vieux, dont plusieurs sont atteints de poliomyélite et se déplacent tant bien que mal, appuyés sur des béquilles de fortune ou pédalant avec les mains sur des tricycles bricolés. D’une solidarité exemplaire, les membres du Staff se démènent ensemble pour survivre, notamment grâce à la musique, distillant les grooves chaloupés du reggae et les mélodies sauvages du funk avec une énergie contagieuse. Leur histoire est aujourd’hui la success story de la scène musicale internationale: des trottoirs pouilleux de Kinshasa, ils atteignent les plus grands festivals et les clubs branchés du monde entier. Parmi les musiciens, Roger est un personnage central. Recruté à l’âge de 13 ans par le Staff, ce talentueux joueur de Satongé – une guitare à une corde qu’il bricole avec des boîtes de conserve – est un «shégé»; un gamin «dans» la rue pour nourrir sa famille avec le fruit de son travail. Au fur et à mesure que le rêve du Staff se transforme en triomphe, on voit Roger prendre de l’importance au sein du groupe. Recueilli par le vieux Ricky comme un fils, il le forme non seulement pour la scène, mais aussi pour diriger un jour, à son tour, le Staff. De la rue à la scène et de la scène aux studios, des taudis en carton aux grands hôtels, ce documentaire en musique capte sans misérabilisme ni voyeurisme le quotidien de ce «Buena Vista Social Club» congolais. A travers leurs chansons sculptées dans le réel et leur sens de l’humour infaillible, les membres du Benda Bilili transmettent une force vitale aussi déconcertante que touchante et redonnent foi en l’humanité, dont les ressources paraissent, le temps du film, inépuisables. Le DVD offre en bonus des extraits de le concerts dans les capitales européennes et à Kinshasa.
Sophie Dulac Distribution