Batman & Batman, le défi

A voir samedi 3 septembre 2011 à 20h40 sur TCM et 22h45 sur TCM

BATMAN: Dans son numéro de septembre 1989, la revue des Cahiers du Cinéma suscitait l’ire de ses lecteurs en octroyant leur prestigieuse photo de couverture à la chauve-souris créée en 1939 par Bob Kane, pour le compte de la DC Comics Incorporate. Bien sûr, les Cahiers ne faisaient pas erreur en focalisant l’attention sur cette superproduction de la Warner Brothers, propriétaire de la DC Comics Incorporate. Avec une acuité sidérante, Tim Burton prophétise dans «Batman» la fin de la vieille économie du cinéma… Désormais, les films ne seront plus que des produits parmi d’autres, générés pour être des supports publicitaires faisant campagne pour d’autres produits (jeux vidéos, accès Internet, fringues, gadgets, etc.). En optant pour une esthétique bouffonne qui mêle le sublime et le standard, Burton indique qui sera le vrai vainqueur… Le Joker (Jack Nicholson) dont le vandalisme naïf (peinturlurer Rembrandt) n’est rien en regard de ce que nous infligent les médias. Pour ce premier épisode cinématographique des années 1990, c’est Michael Keaton qui inaugure le costume du sauveur de Gotham City, tandis que la Batwoman sera interprétée par Kim Basinger.

de Tim Burton
Etats-Unis, 1989, 2h05

 

BATMAN, LE DEFI: Encouragé par le succès planétaire de «Batman» (1989), Tim Burton impose à ses producteurs une suite où il prend ses aises d’auteur. Il a alors l’outrecuidance de réduire à la portion congrue le rôle du personnage titre qui devient un quasi-spectateur des exactions d’un trio mémorable, formé de l’infâme capitaliste Max Schrek (Christopher Walken), du pitoyable Pingouin (Danny DeVito), hybride monstrueux dont le ressentiment ne connaît pas de limites, et de la très impulsive Catwoman (Michelle Pfeiffer). Menant à terme sa grandiose analyse de la déchéance du projet moral hollywoodien, le futur auteur de «Sweeney Todd» opère à cœur ouvert sur le cadavre de la superproduction d’antan: fanatique de justice et donc fort ennuyeux, Batman (Michael Keaton) est dès lors relégué dans l’ombre, laissant les «méchants» s’exposer à la lumière des projecteurs pour s’adonner à une surenchère volontairement infantile d’effets spéciaux. Un canard nageur géant comme arme de destruction totale, dernière image avant le chaos? Attention, chef-d’œuvre!

de Tim Burton
Etats-Unis, 1992, 2h05