Bamako

Cannes 06, Hors compétition
de Abderrahmane Sissako
avec Aissa Maïga, Tiécoura Traoré, Hélène Diarra, Habib Dembelé, etc.


Le nouveau long-métrage du grand cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako est un véritable coup de sang et d’audace. S’appropriant un genre typiquement hollywoodien (le film de procès), l’auteur du sublime «En attendant le bonheur» (2002) cite à comparaître rien de moins que la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). Si l’acte d’accusation s’avère archiconnu, le lieu où siège le tribunal est plutôt original, puisqu’il s’agit d’une grande cour commune à plusieurs maisons situées dans un quartier populaire de la capitale malienne.

Des représentants de la société civile ont engagé une procédure judiciaire contre les deux «grandes» instances internationales. Les témoins à charge se succèdent à la barre, mais l’avocat de la défense se montre très habile. En contrepoint du procès qui est mené par de véritables professionnels de la magistrature et dont les témoins sont authentiques, Sissako raconte la vie ordinaire des habitants de la cour. Ces derniers restent totalement indifférents aux délibérations qui se déroulent pourtant à deux pas de chez eux, tant ils se débattent dans des situations inextricables… Entre fiction et documentaire, le cinéaste réussit à rendre justice à l’Afrique, juste le temps d’un film, hélas!
France / Mali / Etats-Unis, 2006, couleur, 1h58, programme n°137