de Djibril Diop Mambéty |
avec Laminé Ba, Al Demba Ciss, Christoph Colomb, etc.
«Badou Boy» pourrait se résumer, comme dans un western, à l’histoire d’une poursuite. Badou Boy est un jeune garçon qui vit d’expédients et de petits larcins; tout au long du film, il est poursuivi par «le gardien de la paix Al», gros shérif qui parcourt la ville en poussant son vélo. L’opposition est simple et, en cela, «Badou Boy» tient presque du burlesque. Cette histoire devient soudain flash-back, lorsque retentit la voix off du commissaire qui réprimande le gardien de la paix pour des événements que nous n’avons pas encore vus. Témoin omniprésent, un Griot aveugle accompagne en musique leurs péripéties: voilà Djibril Diop Mambéty qui renoue aussi avec le conte. A la radio, entre une bossa-nova et un rock, on entend que les troupes sénégalaises ont débarqué sur les plages de France… le film glisse par instant vers le fantastique, pour mieux s’inscrire dans ce qu’il est, à mon sens, vraiment: une tragédie sur la ville, violente, impitoyable — comme le Far-West américain. Car malgré l’humour permanent dans le traitement des personnages, du gros flic au dandy nègre, Badou Boy évoque aussi les coups, les brimades, les mensonges, tout ce qu’il faut endurer pour survivre dans la grande ville — ville-bidon, ville-contraste — à la recherche de son identité.
Sénégal, 1970, 1h05; programme n°22