Arizona Junior

de Joel & Ethan Coen |
avec Nicolas Cage, Holly Hunter, Trey Wilson, John Goodman, William Forsythe, etc.


Replongeant dans un univers proche de «Sang pour sang», Joel Coen (encore et toujours flanqué de son frère Ethan au scénario et à la production) commet avec «Arizona Junior» (1986) un hymne burlesque à la bêtise et à la laideur (magnifiée par une image «hyper-réaliste») de l’Amérique profonde; atteignant, à force d’exagérer le trait, une sorte d’euphorie de la caricature qui dépasse le mépris… Après avoir purgé plusieurs peines successives, Hi (Nicolas Cage), s’éprend d’une femme-policier, Ed (Holly Hunter) et est donc bien décidé à s’amender. Seule grande ombre au tableau de ce petit bonheur conjugal, Ed est stérile! Qu’à cela ne tienne, Hi enlève l’un des quintuplés d’un riche commerçant nommé Arizona. Ce faisant, il éveille le goût du lucre de deux anciens compagnons de cellule… Affichant avec un talent fou la posture post-moderne qui prévalait à l’époque, les frères Coen citent des grands noms de la comédie loufoque des années quarante comme Preston Sturges et Gregory La Cava, parodient «Mad Max» ou «Dallas», enterrent six pieds sous terre les vieux restes du western, etc.. Nous la jouant sur le mode du «carnavalesque» qui décloisonne, purifie à force d’impuretés répétées, régénère le tissu cinématographique nécrosé par le bon goût et le (déjà) politiquement correct, les Coen font œuvre salutaire!
RAISING ARIZONA, USA, 1987, couleur, 1h34; programme n°86