Amour toujours

Programme n°243 |

Du 6 octobre au 9 novembre, Passion Cinéma présente douze films inédits sur l’amour, ses passions et ses dérives, en passant de la fiction au documentaire, et de la comédie romantique au thriller ou au drame familial. Autant d’occasions de se rappeler que l’amour et le cinéma se font toujours les yeux doux!

En ces temps singuliers où il nous est intimé de garder nos distances, Passion Cinéma propose comme antidote à cette discipline hélas indispensable un cycle de douze films où se débattent toutes sortes de sentiments amoureux. A ce propos, il est rassurant que la plupart des cinéastes s’évertuent à nous conter des histoires d’amour complètement démasquées, où l’on persiste à embrasser à pleine bouche l’autre que l’on connaît parfois à peine, comme si la pandémie n’avait jamais eu lieu. Certains esprits chagrins discerneront peut-être dans ces étreintes une forme de déni du réel. Nous préférons y voir un ferment d’espoir.

Pour l’anecdote, dans les années 1960, des critiques s’étaient échiné·es à comptabiliser les baisers de cinéma. Devant l’étendue de la tâche, ils·elles renoncèrent rapidement, se satisfaisant d’établir un classement fort subjectif des plus belles embrassades, lequel classement suscita à ce que l’on raconte moult empoignades. Sur le plan historique, le tout premier baiser de cinéma fut celui que s’échangèrent John C. Rice et May Irvin dans un très court-métrage tourné en 1896 par William Heise pour le compte de Thomas Edison. Ce comportement «impudique» fit scandale aux Etats-Unis. Intitulé à très juste titre «The Kiss», le film fut bien évidemment censuré et son réalisateur voué aux gémonies.

Pour excuser ses contempteurs, observons que la pratique de ce genre de baiser n’était à l’époque guère répandue sous nos latitudes. Nombre d’historien·nes ont relevé l’influence décisive du cinéma dans la propagation et l’adoption en masse de ce geste amoureux qui, aujourd’hui, semble aller de soi, enfin jusqu’à peu…

A l’heure de nos pratiques prudemment distanciées, c’est le moins que l’on puisse demander au cinéma, qu’il nous permette par films interposés de garder précieusement en mémoire nos discours amoureux les plus tactiles. C’est l’objectif de ce cycle à étreindre avec les yeux, qui plus est, sur le grand écran.

Vincent Adatte