Amerrika

Sundance 2009, en compétition | Cannes 2009, Prix FIPRESCI
de Cherien Dabis |
avec Nisreen Faour, Melkar Muallem, Hiam Abbass, Alia Shawkat, Jenna Kawar, etc.


Pour la plupart des critiques, le premier long-métrage de Cherien Dabis, jeune réalisatrice palestinienne née en Jordanie mais élevée aux Etats-Unis, a remporté «la palme du cœur» du dernier festival de Cannes… En participant à une tombola, Mouna Farah (Nisreen Faour) gagne une «green card», le fameux titre de séjour qui lui ouvre toutes grandes les portes de la terre promise. Mouna abandonne fissa son travail d’employée de banque plutôt bien rémunéré, extirpe son jeune fils Fadi de l’école privée où il étudie, et quitte Ramallah et la Cisjordanie pour cingler vers «l’Amreeka». En plein hiver, cette émigrée atterrit dans une banlieue anonyme, au fin fond de l’Illinois, où vivent sa sœur et son beau-frère, un médecin dont la clientèle s’est évaporée depuis que les Américains ont découvert l’existence de Saddam Hussein! Comme nombre de héros de cinéma dans la même situation, Mouna va faire l’expérience du racisme au quotidien et prendre conscience que le rêve américain n’a rien de chatoyant, sinon qu’il peut rapidement tourner au cauchemar, dans lequel les tags et les slogans «God bless america» fonctionnent comme autant de signes discrets d’une xénophobie ancrée dans l’imaginaire commun. Malgré ses qualifications, cette mère courage peine à trouver un emploi qui lui correspondrait. Au final, elle se retrouve à trimer dans un fast-food – le symbole même de l’impératif catégorique qui, le plus souvent, nous tient lieu d’intégration – et essuie les quolibets d’une clientèle blanche encore déboussolée par le trauma post-11 septembre. Flottent alors comme des effluves d’autobiographie sur ce premier film très attachant, malgré son constat teinté d’amertume.
AMREEKA, Canada / Koweit / Etats-Unis, 2009, couleur, 1h32 , Programme n°158