A voir en DVD!
Le New-Yorkais David O. Russell fait montre d’un talent remarquable en s’appropriant, film après film, les motifs classiques du cinéma américain. Après un drôle de film de guerre, «Les rois du désert» (2000), où il remontait avec insolence le moral des troupes, il a réalisé une comédie pseudo-philosophique jubilatoire, «J’adore Hucabees» (2003), un film de boxe trash, «Fighter» (2011), et une romance moderne et déjantée, «Happiness Therapy» (2012), avant de livrer un polar qui entremêle le film d’escrocs, de hold-up et de mafia, et dont les quatre acteurs principaux, bluffants de justesse, sont en lice pour les Oscars.
Et pour cause! Le réalisateur a coiffés ses excellents comédiens de perruques complètement grotesques pour mieux révéler sa vision de la «véridique» affaire Abscam au sein de l’Amérique décadente… Deux escrocs, Irving (Christian Bale) et Edith (Amy Adams), se retrouvent à la solde d’un agent du FBI (Bradley Cooper) pour coincer tous les gros bonnets du New Jersey. N’en déplaise à sa femme hystérique (Jennifer Lawrence), et à sa conscience, Irving doit confondre son ami le maire (Jeremy Renner)…
Reconstituant le strass des seventies avec une B.O. vintage fort bien choisie, des bigoudis, des frisettes et des costumes ad hoc, David O. Russell joue avec le pathétique de ses personnages au cours de dialogues ciselés, pour distiller un savoureux cortège de faux-semblants et s’octroyer de purs moments de délire, par exemple quand Jennifer Lawrence, déguisée en blonde, se met à chanter… N’ayant rien à envier à l’humour de gangster des Scorsese, Soderbergh et autres Coen, Russell réussit alors un film kitsch sur une classe moyenne américaine toujours en quête d’échappatoires face à des politiciens emberlificotés dans leurs tissus de mensonges.
Metropolitan Filmexport