Nozomi («espoir» en japonais) est une poupée gonflable qui sert d’objet sexuel à un quarantenaire esseulé qui l’habille en soubrette et lui fait la causette. Par miracle, le pantin siliconé reçoit un cœur et, déambulant dans Tokyo, se met à aimer la vie. Le soir venu, elle accomplit pourtant son devoir matrimonial. Réalisé par Hirokazu Kore-Eda, «Air Doll» est un film poétique qui révèle non seulement les déviances des employés de bureau tokyoïtes, mais surtout l’inégalité imposée aux femmes. A la faveur de travellings déliés et d’une mise en scène au lyrisme envoûtant, la poupée flotte littéralement dans l’air et le réalisateur lui confère l’ingénuité d’une enfant. Anéantie par la réalité et son rôle de ménagère, le même depuis des siècles, Nozomi s’émancipe alors à sa façon. Un film qui évoque la marche des femmes avec une extraordinaire poésie et une certaine mélancolie…
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Article écrit par Raphaël Chevalley et paru dans les quotidiens L’Express et L’Impartial
