Accatone

de Pier Paolo Pasolini |
avec Franco Citti, Silvana Corsini, Franca Pasut, etc.

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      A l’en croire, Pasolini aurait commencé à tourner son premier film sans même savoir qu’il existait des objectifs différents, ou ce qu’était au juste un panoramique. Véridique, ce propos prouve que la technique, au ciné­ma, est affaire secondaire… Œuvre dense, pétrie d’audaces, Accattone tire sans doute de l’innocence de son auteur une part de sa verve créatrice.

      Individu représentatif de l’univers de la «borgata» (la banlieue romaine), Accattone est un proxénète exposé aux défaillances de celle qu’il protège; souhaitant pallier à cette situation, il tente en vain de gagner à la prostitution une jeune fille rencontrée par hasard… Pour survivre, Accattone doit se ré­soudre à pratiquer le vol à la tire; traqué par la police, il périt en de tragiques circons­tances.
      En 1961, le cinéma italien n’est plus néo­réaliste; Fellini («La Dolce Vita») et Antonioni («L’Avventura») explorent les âmes névrosées des bourgeois romains ou mila­nais… Pasolini, par contre, estime qu’il est de son devoir de confronter le public italien, «ébloui par le miracle industriel des années soixante», au revers de la croissance écono­mique.

      De toute manière, «Accattone» (mendiant en dialecte romanesco) ne constitue en aucun cas un retour au néo-réalisme. Pasolini dé­teste le naturalisme qui incarne, selon lui, la vision apitoyée des dominants… non, ce qu’il veut démontrer, c’est la supériorité mo­rale des laissés-pour-compte, qu’il décrit, sur nous autres spectateurs!
      talie, 1961, noir et blanc, 1h55; programme n°3