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Sélectionné en compétition à Cannes, «Valley of Love» est entièrement bâti sur les retrouvailles d’un couple de monstres sacrés du cinéma français, Isabelle Huppert et Gérard Depardieu. Par le passé, Huppert et Depardieu ne se sont croisés que deux fois, le temps d’un dépucelage dans «Les valseuses» (1974) de Bertrand Blier et d’une passion chaotique dans «Loulou» (1980) de Maurice Pialat. Devant la caméra de Nicloux, ils incarnent aujourd’hui des parents séparés dont le fils s’est suicidé, en leur laissant une lettre dans laquelle il leur promet de revenir, à condition qu’ils se rendent dans la Vallée de la Mort en Californie et suivent ses instructions posthumes, aussi étranges soient-elles! Le personnage joué par Huppert ne doute pas que le miracle puisse se produire, celui interprété par Depardieu se montre beaucoup plus dubitatif… La faute peut-être à sa corpulence qui le fait beaucoup souffrir sous la chaleur intenable…
Un bien étrange film que celui de Guillaume Nicloux, écrivain de polars, réalisateur de dix longs-métrages d’une noirceur parfois détonante, exception faite de son récent «remake» de «La religieuse» de Jacques Rivette, qu’il a affublé d’un happy end assez malheureux! Lointain remake du «Voyage en Italie» (1954) de Roberto Rossellini, qui voyait un couple en crise retrouver la force de s’aimer, «Valley of Love» dissimule derrière son argument ténu la belle idée d’attraper les deux acteurs au piège du réel, la maigre fiction agissant comme un révélateur de leurs carrières respectives, avec un Depardieu en géant obèse aux pieds d’argile, et une Huppert à la trajectoire professionnelle dictée par une souveraine confiance… A classer d’urgence au cabinet des curiosités cinématographiques!
de Guillaume Nicloux
France, 2015, 1h32