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Comparé par les Européens à Joseph Losey, Luis Buñuel ou encore Jean Genet, Kim Ki-young est l’auteur d’une trentaine de films dont il n’en reste aujourd’hui que la moitié. Faiseur d’images hors pair, il est considéré comme le plus grand par ses jeunes homologues de la Nouvelle vague sud-coréenne, à l’instar de Park Chan-wook, Bong Joon-ho et Im Sang-soo, lequel a exprimé son admiration en réalisant «The Housemaid» (2010), remake du chef-d’œuvre en question.
Un professeur de piano, sa femme et leurs enfants emménagent dans une vaste demeure que Madame, épuisée, n’arrive plus à entretenir. Sur les recommandations d’une élève, Monsieur engage une jeune domestique, qui adopte progressivement une attitude perverse envers son employeur et sa famille…
Au-delà des pulsions physiques qui animent le père de famille et sa domestique, Kim Ki-young aborde le désir mortifère de possession matérielle et d’ascension sociale en chargeant avec férocité les valeurs de la petite bourgeoisie. Usant de l’espace comme d’un symbole récurrent, le cinéaste multiplie les trouvailles visuelles pour exprimer l’état d’enfermement et de folie qui gagne peu à peu ses protagonistes. «La Servante» possède alors le caractère unique des huis clos qui oscillent entre les genres – ici l’horreur, le surréalisme, le film noir et la satire sociale – en s’en affranchissant avec force. Un classique du cinéma coréen, à la fois excessif et parfaitement maîtrisé, qui met en scène les travers autodestructeurs de l’âme humaine avec une beauté indicible.
Hanyo
de Kim Ki-Young
Corée du Sud, 1960, 1h51