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Grand Prix du Jury avec «Uzak» (2003), Prix de la critique avec «Les Climats» (2006), Prix de la mise en scène avec «Les Trois Singes» (2008), Grand Prix du Jury avec «Il était une fois en Anatolie»… Nuri Bilge Ceylan a reçu cette année à Cannes un cinquième prix, la Palme d’or, qui plus est… Et pour cause!
Passé maître dans l’art de sonder la complexité de l’âme humaine et les désagrégations de couples, le peintre et cinéaste turc nous emmène avec «Winter Sleep» («Sommeil d’hiver») à la rencontre d’une famille qui se délite dans les paysages extraordinaires de la Cappadoce, au cœur de l’Anatolie. Comédien à la retraite, Aydin dirige un hôtel troglodyte avec sa jeune épouse Nihal et sa sœur Necla. Grâce à la fortune héritée de son père, il possède des maisons dans toute la région, ce qui fait de lui «le roi d’un petit royaume». Las de la gestion de ses biens, Aydin préfère s’offrir une bonne conscience en écrivant des éditos intellos dans le journal du coin…
Multipliant les dialogues intimistes et philosophiques, Ceylan déploie son drame dans la durée en semant de petits bribes déstabilisantes: un rire forcé par ci, un geste de trop ou une violente tirade par là. Décrivant les rapports de classe, le cinéaste dévoile d’abord l’hypocrisie des intellectuels et de la charité bourgeoise, avant de resserrer son intrigue sur le couple, jusqu’à l’étranglement. Il cerne alors les intériorités tourmentées de ses personnages en les détachant de paysages enneigés fascinants… Du grand art!
Kiç Uykusu
de Nuri Bilge Ceylan
Turquie, 2014, 3h16