A voir en DVD!
Réalisé par Haifaa Al Mansour, première femme réalisatrice du Royaume saoudien, grâce à l’assentiment d’un jeune prince qui semble avoir compris que le cinéma est à la fois un art et une industrie, «Wadjda» constitue ni plus ni moins le premier long-métrage produit et tourné en Arabie saoudite – où le cinéma n’a pas bonne presse et où il n’existe quasiment pas de salles de projection, pour le moment…
Porté par une jeune actrice aux regards extraordinaires de sens et de courage, «Wadjda» va sans doute contribuer à changer les choses dans ce pays où les femmes survivent en silence cachées sous des tonnes de tissus, dans une dévotion constante à leurs maris. Suivant les tribulations d’une fillette espiègle, rejeton rebelle d’une famille conservatrice aisée, le film se poste à hauteur d’enfant pour mieux cerner avec un humour fin et une ironie fondeuse les dérives absurdes d’une société patriarcale percluse de contradictions, obnubilée par la pudeur et la lecture du Coran les yeux fermés.
Baskets aux pieds, fan de rock, la jeune fille aperçoit un jour une sublime bicyclette verte qui semble voler dans les airs. Dès lors, Wadjda (de son prénom) est prête à tout pour acquérir ce vélo et faire la course avec son voisin Abdallah. Cette pratique lui est hélas interdite, tout comme à sa mère celle de conduire une voiture. Obstinée, la petite s’efforce de réunir les fonds nécessaires à cet achat. C’est ainsi qu’elle s’inscrit à un concours de récitation coranique organisé par la très sévère directrice de son école et doté d’un prix de mille riyals… Avec une simplicité souveraine, doublée d’une belle efficacité, la réalisatrice Haifaa Al Mansour conduit ce récit initiatique jusqu’à son terme, ce qui n’est pas rien dans un pays qui interdit aux femmes de rire aux éclats. Une merveille d’insolence!
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