Monstres Academy

    A voir à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds |

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      Réalisé en 2001, «Monstres et Cie» reste l’un des sommets des fameux Studios Pixar. On salivait donc d’en découvrir la suite. De fait, il s’agit de ce que les spécialistes appellent une préquelle. Autrement dit, Pixar a décidé de nous raconter comment Bob Razowski et James P. Sullivan, dit Sulli, en sont venus à former le duo anxiogène que l’on sait!

      D’entrée, le film nous montre Bob alors qu’il n’est encore qu’un petit monstre qui a hâte de grandir. Le pauvre est la risée de sa classe, la faute à son appareil dentaire et à son côté geek intello! Lors d’une visite à l’usine de traitement des cris d’enfants dont la ville de Monstropolis tire son énergie, le malaimé découvre émerveillé sa vocation: il sera «terreur d’élite» et rien d’autre! Quelques années plus tard, Bob fait alors des pieds et des mains pour être envoyé à l’Académie des Monstres, dans le dessein de se former à l’art de faire peur. C’est là qu’il fait la connaissance de Sulli, un étudiant du genre paresseux, mais un brin gonflé, qui croit exceller dans son domaine. Jaloux, le néophyte entre alors dans une rivalité de tous les instants, au risque de se faire renvoyer du campus par la doyenne peu commode…

      N’en disons pas plus, sinon que cette préquelle se laisse voir sans déplaisir. Souvent fort drôle, elle brocarde de façon savoureuse l’idéal universitaire étasunien et sa pseudo fraternité égalitaire, au gré de gags parodiques dont le second degré échappera peut-être aux très jeunes Européens. Après avoir ri de bon cœur, le spectateur sortira néanmoins de la salle avec un sentiment mélangé. Le génie de Pixar résidait dans sa capacité de tout en même temps divertir et émouvoir avec, en ligne de mire, le travail de deuil permanent que recèle toute enfance. Las, ici, cette profondeur semble avoir complètement disparu, au profit du seul entraînement de nos zygomatiques.

      Poussant plus loin la réflexion, ce même spectateur songeur émettra l’hypothèse un peu décevante que Disney soi-disant racheté par Pixar est en train de convertir l’entreprise qui devait la révolutionner à son conservatisme bon teint. Pourvu que l’avenir ne nous donne pas raison et offre les descendants qu’ils méritent à Ratatouille, Wall-E et autre Nemo…

      Monsters University
      de Dan Scanlon
      Etats-Unis, 2013, 1h44