A voir mardi 2 avril 2013 à 1h sur France 2 |
Enfant solitaire, photographe et cinéaste de génie, Raymond Depardon a pris ses premiers clichés dans la ferme familiale. A l’âge de 16 ans, il monte à Paris, où il devient assistant-photographe, avant d’être envoyé en Afrique pour suivre l’expédition SOS-Sahara en 1960. Le jeune homme en revient avec un reportage très remarqué publié dans Paris-Match, puis couvre les guerres d’Algérie et du Vietnam. En 1966, il participe à la fondation de la mythique agence Gamma, pour laquelle il partira en reportage au Tchad, au Biafra ou à Prague.
Héritier du cinéma direct, Depardon réalise en 1980 son deuxième long-métrage, « Numéros zéro », une saisissante plongée dans la rédaction du Matin de Paris. Patience, discrétion, attention de tous les instants, telles sont désormais les règles d’or d’un cinéaste qui se fait le témoin du quotidien des photographes de presse (« Reporters », César du meilleur documentaire en 1982) ou d’une équipe de policiers (« Faits divers »), avant de s’immiscer en 1988 dans l’univers hospitalier au cœur de l’asile psychiatrique de San Clemente, dans le service des « Urgences » de l’Hôtel-Dieu.
A travers ce document unique, le futur auteur de « 10e chambre, instants d’audience (2004) » et « La Vie moderne » (2008) cerne les relations entre les psychiatres et leurs patients de façon à la fois calme et mouvementée. Alternant les cris, les larmes, les insultes, les incompréhensions de patients peu tendres envers leurs aides-soignants, le cinéaste capte la réalité sans porter une seconde un jugement ni user d’aucun commentaire, atteignant à nouveau la quintessence du cinéma du réel, un cinéma criant de vérité, à la fois réaliste, esthétique et qui ne laisse jamais indifférent.
de Raymond Depardon
France, 1988, 1h45
