A voir dimanche 3 février 2013 à 0h20 sur France 3 |
Cofondateur de la Cinémathèque française, Georges Franju (1912- 1987) a signé une série de courts-métrages assez inouïe suscitant l’inimitié de la censure de l’époque. «Le Sang des Bêtes» (1949), description sans fard des abattoirs de la Villette et de Vaugirard, et surtout «Hôtel des Invalides» (1952), description surréelle de la gloriole belliciste du Musée de l’Armée parisien, qui lui valut une interdiction temporaire de distribuer ses films.
Dès 1959, cet ancien employé dans une agence d’assurance passe au long-métrage avec «La Tête contre les murs», pamphlet contre la psychiatrie adapté du roman de Hervé Bazin, où il témoigne aussi de son goût pour l’onirisme. L’année d’après, Franju approfondit encore sa veine fantastique avec l’étonnant «Les Yeux sans visage», où la fiction prend hélas trop souvent le pas sur sa verve documentaire si singulière.
Adapté du roman homonyme de François Mauriac paru en 1927, «Thérèse Desqueyroux» tient du ratage passionnant, tant Franju surcharge le trait, lestant la charge de l’auteur du «Nœud de vipère» d’un symbolisme pesant! Thérèse (Emmanuelle de Riva) vient de bénéficier d’un non-lieu dans le procès où elle a été accusée d’avoir tenté d’empoisonner son mari Bernard (Philippe Noiret). Contrainte par ce dernier à vivre recluse dans une grande propriété landaise, la jeune femme sombre peu à peu dans la neurasthénie…
Trois ans après «Hiroshima mon amour» (1959) d’Alain Resnais qui l’a révélée, De Riva incarne à fleur de peau son personnage de victime sacrifiée sur l’autel de la respectabilité bourgeoise. Face a elle, Noiret compose une figure mémorable de notable bête et sadique. Leur performance n’arrive toutefois pas à sauver un film étonnamment figé, pour qui connaît les courts-métrages de Franju. A comparer, la version posthume qu’en a livrée Claude Miller (avec Audrey Tautou) s’avère autrement intéressante!
de Georges Franju
France, 1962, 1h49