Après un divorce difficile, Lucas, quarante ans, a trouvé une nouvelle petite amie et un nouveau travail. Il est en train d’obtenir la garde de son fils adolescent. C’est un homme irréprochable qui travaille dans la petite école d’un village reculé de Scandinavie. Durant son temps libre, il traque volontiers le gibier avec ses amis au cours de parties de chasse mémorables. Tout bascule le jour où la petite fille de son meilleur ami laisse entendre que Lucas lui aurait montré son sexe.
Nouveau film du Danois Thomas Vinterberg, «La chasse» constitue l’antithèse de «Festen», qui avait fait le succès du même auteur en 1998. Souvenez-vous, le film dénonçait les attouchements d’un patriarche à l’occasion d’une fête de famille où il était de bon ton de faire tinter le verre pour porter un toast… A l’inverse, «Jagten» (titre original) montre un père accusé à tort d’abus sexuels. Un thriller psychologique qui stigmatise une société hantée par la peur de la pédophilie.
Laissant délibérément hors-champ les rassemblements des villageois nourrissant leur désir de vengeance, Thomas Vinterberg s’attache caméra à l’épaule aux pas de Lucas (Mads Mikkelsen, couronné du Prix d’interprétation à Cannes). Grâce à une utilisation intelligente du flou, le cinéaste instille un malaise, enferme et isole à chaque fois un peu plus son personnage dans sa situation d’homme blessé. Insufflant un suspens sans effet, il guette ses réactions – à la messe de minuit face à une assemblée qui le répudie, au supermarché victime de représailles, puis lors des scènes de chasse… à l’homme. A l’instar du «Carnage» (2011) de Roman Polanski, le drame trouve son origine dans le dysfonctionnement des cellules familiales. Une vision certes pessimiste de l’humanité, mais qui correspond au conformisme bourgeois dénoncé chez Vinterberg.
Jagten
de Thomas Vinterberg
Danemark, 2012, 1h51
à voir à La Chaux-de-Fonds (le dimanche matin) et à Neuchâtel