A voir dimanche 28 octobre à 23:35 sur RTS Deux
Documentaire signé par les cinéastes alémaniques Sabine Gisiger et Beat Häner, «Guru Baghwan, His Secretary & His Bodygard» évoque par le biais de deux témoins privilégiés la personnalité très controversée de Bhagwan Shree Rajneesh (1931-1990), simple professeur de philosophie de Bombay devenu un gourou manipulateur et collectionneur impénitent de Rolls-Royce, payées avec les deniers de ses très fervents admirateurs. La première partie de ce documentaire qui fera peut-être rire un peu jaune les nostalgiques des années hippie retrace le destin sonnant et trébuchant de «l’illuminé», de son ashram, à Poona, à son camp retranché, dans l’Oregon profond.
Un homme et une femme apparaissent au cours de ce récit dont les images d’archives ont pris avec le temps un caractère presque comique. Hugh Milne est anglais. Rejoignant Bhagwan au début des années septante, il devient son garde du corps et est aux premières loges pour assister à l’ascension spirituelle et pécuniaire du «Maître». De moins en moins dupe, il apparaît dès lors comme un élément négatif et doit quitter la communauté. Devenu aujourd’hui, un ostéopathe de renommée mondiale, il ne ménage pas ses critiques.
Le deuxième témoin convoqué par le film se révèle d’un tout autre calibre. Née en Inde, Sheela Birnstiel a joué des coudes pour devenir la secrétaire particulière de Bhagwan. Dès 1981, elle se fait fort de transformer le «ranch» américain de son gourou en un soft goulag, tapissé de micros. Quatre ans plus tard, Bhagwan se dédouane en lançant contre elle une série d’accusations qui l’entraîneront en prison puis sur le chemin de l’exil, jusqu’en Suisse. Aujourd’hui, après d’heureux mariages dont les riches conjoints sont décédés, Sheela dirige plusieurs établissements pour personnes handicapées où les portraits de Bhagwan figurent toujours en bonne place. En dépit de sa facture conventionnelle, ce documentaire impertinent réussit à faire planer un parfum d’ambiguïté salvateur.
de Sabine Gisiger & Beat Häner
Suisse, 2011, 1h35
