Les Gaietés de l’escadron

A voir dimanche 9 septembre 2012 à 0h26 sur France 3 |

Père du grand cinéaste Jacques Tourneur, qui tournera dans les années cinquante des films noirs et des westerns mémorables, le trop méconnu Maurice Tourneur (1876-1961) œuvre tout d’abord dans le domaine du livre d’art, travaillant notamment avec Rodin, avant de rejoindre la troupe du metteur en scène André Antoine qui révolutionna la pratique du théâtre au début du vingtième siècle.

Attiré par le cinéma, Tourneur père est envoyé dès 1911 par la société française Eclair aux Etats-Unis où il commence à tourner des films dont les préoccupations esthétiques tranchent sur la production de l’époque. Notamment, sa version de «L’Île au trésor» (1920) est vantée par ses exégètes comme l’une des meilleures adaptations du roman de Stevenson!

Suite à un différent avec la MGM, qui l’avait engagé pour tourner «L’Île mystérieuse» d’après Jules Verne, Tourneur rentre en France, où il va s’adapter de façon admirable aux nouvelles exigences du parlant, après avoir rencontré quelques problèmes dus à son statut d’objecteur de conscience dont il s’était prévalu pendant la Première Guerre mondiale. Après une malheureuse expérience en Allemagne, qui lui permet cependant de diriger Marlène Dietrich dans l’un de ses premiers rôles, Tourneur revient à Paris et tourne alors ses pièces maîtresses: «Au Nom de la Loi» (1932), un policier réaliste d’une modernité assez inouïe, «Justin de Marseille» (1935), film noir à la française, «Volpone» (1941), avec Louis Jouvet, Harry Baur et Charles Dullin, devenu un classique, ou encore le film fantastique «La Main du Diable» (1942)

Remake de sa propre adaptation muette, que Tourneur a tourné en 1913, «Les Gaietés de l’escadron», d’après la pièce de Courteline et Norès, se déroule en 1885, au sein du 51e régiment de chasseurs à cheval, composé pour une grande part de réservistes. Refusant les brimades de l’abominable adjudant Flick (Charles Camus), deux simples soldats, Vanderague (Fernandel) et Fricot (Jean Gabin) décident de déserter. En profonde sympathie avec ses protégés, le capitaine Hurluret (Raimu) va s’employer à leur sauver la mise… Pacifiste, Tourneur raille en creux de le militarisme bête et méchant, aidé en cela par des acteurs insolents de drôlerie, qui en font tous merveilleusement trop… Un must!

de Maurice Tourneur
France, 1932, 1h25