Starbuck


Comédie «familiale» loufoque d’un genre inédit, où l’ironie le dispute à la tendresse, le film de Ken Scott débarque sur nos écrans. Emmené par une palette d’acteurs comiques québécois talentueux, «Starbuck» nous conte la vie de David Wosniak (Patrick Huard), un éternel adolescent de quarante ans. Dans sa jeunesse, il aurait gagné quelque vingt mille dollars à bout de bras, en approvisionnant le stock des banques de sperme. À l’époque la chose était encore permise au Canada, mais inutile d’espérer aujourd’hui une fortune fulgurante, ce type de générosités étant relayé au rang du bénévolat!

Alors qu’il s’apprête à connaître lui-même les joies d’une véritable paternité, David est bientôt rattrapé par son destin inédit! Il découvre qu’il est déjà le géniteur de ni plus ni moins 533 enfants… Toxicomanes, militants, sportifs ou gothiques, ses bambins anonymes forment une communauté bien dans l’air du temps. Cent quarante d’entre eux sont même déterminés à retrouver leur père biologique. Heureusement, David officie en tant que livreur boucher, conduisant un camion frigorifique plein de viande qui ne lui sera pas inutile au moment du barbecue familial XXL! De plus, il peut compter sur les conseils avisés de son ami avocat (Antoine Bertrand), lequel «gère» une famille nombreuse…

Succès phénoménal au Canada, coécrit avec Martin Petit (qui aurait réellement reçu par erreur une demande d’identification de la part d’un enfant issu d’une banque de sperme), le film est titré en référence à Hanoverhill Starbuck, taureau à l’ADN considérée comme parfaite, qui reste à ce jour le géniteur le plus prolifique du Centre d’Insémination Artificielle du Québec! Cependant, sous ses airs de comédie de mâles immatures et fumeurs de joints version Judd Apatow, «Starbuck» traite avec ironie des affres de la parentalité, à l’image de la femme enceinte prête à «kicker le cul» de tous les gamins des places de jeux. En disant bien haut et fort ce que certains pensent sans doute tout bas, les personnages de «Starbuck» se révèlent en effet bien plus humanistes que simplement vulgaires. Pourvue d’une liberté de ton très appréciable, cette comédie québécoise certes sans grande prétention n’en reste pas moins irrévérencieuse et hilarante.

de Ken Scott
Canada, 2001, 1h49

à voir à Neuchâtel