A voir mardi 21 août 2012 à 1h10 sur Arte
«L’Equipée sauvage» («The Wild One», 1954) est entré dans l’histoire du cinéma sans pétarader. Réalisée par Laszlo Benedek (1907-1922), ce film devenu culte avec les années a en effet connu un succès très relatif à sa sortie.
Le quatrième long-métrage de ce globe-trotter des plateaux de tournage d’origine hongroise doit sans doute cette reconnaissance tardive à deux facteurs. Tout d’abord la montée en puissance ultérieure mais irrésistible du phénomène Brando, ensuite le fait qu’il généra un sous-genre du road-movie très vivace, que l’on désignera sous l’appellation «film de motards», faute de mieux.
Produit par Stanley Kramer (1913-2001), réalisateur et producteur indépendant qui osait aborder des «sujets de sociétés» dont Hollywood se défiait, «L’Equipée sauvage» raconte les «exploits» d’une bande de jeunes motards qui effarouche les bonnes gens d’une petite ville américaine. Menées par le charismatique Johnny (Marlon Brando), ces rebelles plutôt frustes expriment surtout un malaise auquel leurs aînés, engoncés dans leur matérialisme couard, restent complètement insensibles, exception faite des plus âgés, qui ont encore en mémoire le mythe fondateur de la liberté, si cher aux pionniers étasuniens.
Au-delà du scénario un peu cousu de fil blanc et flanqué d’un happy end très malheureux, ce drame de l’incompréhension témoigne de façon précieuse d’une époque révolue, ces fameuses années cinquante combien conservatrices. Et puis n’oublions pas Brando qui, après seulement quatre films, commençait déjà à se parodier lui-même, exagérant ce jeu intensément corporel, véritable marque de fabrique de l’Actors Studio et planche de salut pour Hollywood qui le recycla vite fait bien fait, histoire de renouveler son star-system frappé de désuétude.
The Wild One
de Laszlo Benedek
Etats-Unis, 1954, 1h19