Après l’adversité de «L’Homme sans passé» (2002), l’indifférence générale et désespérante des «Lumières du Faubourg» (2006), le Finlandais Aki Kaurismäki livre un nouveau film, cette fois tourné en français et empreint d’un espoir et d’une confiance indéfectible envers les «petites» gens. Prix de la critique à Cannes et Prix Louis-Delluc 2011 (qui récompense le meilleur film français de l’année), «Le Havre» est un pur chef-d’œuvre, à la fois nostalgique, humaniste et optimiste. Cireur de chaussures au Havre, Marcel Marx mène une vie frugale mais heureuse. Las, sa tendre épouse tombe gravement malade. Et Marcel de recueillir par hasard un jeune clandestin et de se retrouver étroitement surveillé par le commissaire Monet…
Dans une ville du Havre hors du temps et presque désuète, mais ô combien actuelle étant donné la crise, «Le Havre» révèle l’extraordinaire solidarité de quelques-uns face à l’adversité des autres. De la légende du rock havrais Little Bob à la chienne Laïka (actrice depuis cinq générations), en passant par les sans-papiers et les dockers, les personnages de Kaurismäki suivent alors leurs ombres sous des éclairages lumineux, pour sauver ce qui peut l’être en faisant acte de désobéissance civile. A la faveur de dialogues et d’un jeu d’acteurs minimalistes mais emplis de sincérité, grâce à des couleurs «chaudes» alors qu’il décrit l’univers des laissés-pour-compte, le cinéaste finlandais oppose l’union de classe à la fatalité économique. Un film indispensable, pétri d’une humanité bouleversante!
Parmi les bonus, une très bonne interview croisée de Wilms et Darroussin, mais il faut pas compter y découvrir un Kaurismäki loquace!
Pyramide