Husbands

Archie (Peter Falk), Gus (John Cassavetes lui-même) et Harry (Ben Gazzara) ont la quarantaine, des femmes et des enfants. Las, tout bascule suite à la mort de Stuart, leur meilleur ami. Après l’enterrement, ils ne vont plus se quitter et partir «en cavale» pendant cinq jours. Cette disparition les confronte en effet à leur vie et entraîne une sérieuse remise en question. Entre les beuveries et les conversations décousues, les accolades et les flâneries, les amis passent par toutes les étapes de la crise émotionnelle…

Assimilé maladroitement au mouvement du cinéma-vérité parce qu’il avait réellement improvisé «Shadows» en 1976, son premier film, John Cassavetes a en réalité, dès son second long-métrage, toujours pris soin d’écrire minutieusement ses dialogues et scénarios. Effectuant d’innombrables répétitions avec ses acteurs, il modifiait cependant leur texte au fur et à mesure, en fonction de leurs réactions et suggestions. C’est ainsi qu’il parvient à donner au final l’impression que les événements se déroulent pour la première fois. De là cette sensation vertigineuse d’assister chez Cassavetes, à chaque fois, au surgissement de la vérité!

Dans «Husbands», à la faveur d’une caméra en mouvement qui suit constamment ses personnages, l’acteur et réalisateur parvient, sans jamais les juger ni chercher à expliquer leurs gestes, à exprimer la profondeur du gouffre existentiel qui s’ouvre devant eux, béant, suite à l’événement tragique. Se servant à merveille des petits détails, le cinéaste fait de leur gamineries d’adultes désenchantés des tentatives de se rappeler à la vie – une vie délestée du poids du mariage et de la paternité, une vie plus légère et plus irresponsable, un vie vécue entre amis… Mais le résultat sera différent pour chacun des trois personnages.

Un chef-d’œuvre, qui bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle édition DVD, avec pas moins de trois disques, parmi les bonus desquels le dernier survivant de la bande, alias Ben Gazzara disparu en février 2012, donne une interview en marchant dans les rues de New York, les mêmes qu’il parcourait quarante ans plus tôt!

Wild Side