Le Schpountz

A voir mardi 1er mai 2012 à 1h35 sur France 2

Réalisé en 1938 par Marcel Pagnol «Le Schpountz» est une irrésistible satire des milieux du cinéma, dont l’acidité et la vantardise, à l’aube du Parlant, ne tardèrent pas énerver le grand réalisateur, écrivain et créateur de personnages à l’imagination débordante.

Mais qu’est-ce que c’est qu’un «schpountz»? Le mot fait en effet l’objet d’une légende soigneusement entretenue par Pagnol. Le terme désignerait un type qui se prenait pour l’acteur-séducteur Charles Boyer et qui aurait débarqué de son propre chef sur le tournage de «Angèle» de Pagnol (1934). Le directeur de la photo (un Russe) l’aurait alors affublé du fameux surnom et Pagnol aurait ainsi trouvé à matière au film!

Dans un petit village parmi les Français de France, Irénée (Fernandel) n’a qu’une seule idée en tête: devenir la prochaine vedette de cinéma. Arrive alors une équipe de repérage et Irénée en profite pour leur faire part de son talent. Amusée par tant de naïveté, l’équipe lui fait signer un faux contrat. C’est ainsi qu’Irénée part faire carrière à Paris…

Dans ce film, Pagnol déroule ses splendides dialogues et livre une véritable leçon d’humanisme. C’est ainsi que Fernandel déclame son texte de loi «tout condamné à mort aura la tête tranchée» sur tons les tons et avec toutes les mimiques dans la scène culte du film. Le cinéaste fait alors passer son message par la bouche des personnages, réglant ses comptes avec les détracteurs du cinéma parlant, avec les producteurs qui l’abandonnèrent, comme avec la suffisance de certains acteurs et techniciens.

Mais «Le Schpountz» est aussi une admirable réflexion sur l’essence du comique, car le film interroge la place du clown dans l’art et dans nos sociétés. A Irénée qui professe du mépris pour le genre inférieur de la comédie, Pagnol fait répliquer un monologue qui restera dans les annales… En résulte une fable à la fois cruelle et pleine d’amour sur le monde des artistes. Et Fernandel ne fût jamais si touchant!

de Marcel Pagnol
France, 1937, 2h40