A voir lundi 30 avril 2012 à 1h45 sur Arte
Né en 1944, en activité depuis 1968, le cinéaste allemand d’origine indonésienne Harun Farocki a développé une démarche à nulle autre pareille, entre documentaire et cinéma expérimental, qui en fait l’un des réalisateurs les plus importants (et méconnus) du moment. Avec une acuité exceptionnelle, il analyse sans relâche le flux d’images continuel, qui nous tient désormais de culture et de perception.
Qu’il filme des cadres se formant à l’art de la rhétorique, monte de manière très significative des bandes de caméras de surveillance, ou s’interroge sur l’absence de films montrant les ouvriers à la sortie de leurs usines, Farocki s’avère toujours d’une perspicacité formidable, amenant le spectateur à prendre conscience dont les images le jouent et le déjouent!
Coréalisé en 1992 avec le cinéaste roumain Andrej Ujica, «Vidéogrammes d’une révolution» déconstruit la falsification opérée par la télévision roumaine lorsqu’elle «restitua» sur ordre des «insurgés» les grandes heures de la révolution de 1989, avec comme point culminant le faux charnier de Timisoara!
Du 21 décembre 1989 (dernier discours de Ceausescu) au 26 décembre 1989 (premier résumé télévisuel de son procès), les événements qui se sont déroulés dans les endroits les plus importants de Bucarest ont été en effet presque intégralement filmés. Trois ans après les événements, Farocki et Ujica démontent le montage idéologique qui en résulta… Indispensable!
Videogramme einer Revolution
de Harun Farocki & Andrej Ujica
Allemagne, 1991, 1h47